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Libération
Critique

Satrapi qui chante

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La créatrice de «Persépolis» dessine pour les petits.
publié le 30 mai 2002 à 23h38

Après des études d'art à Strasbourg, Marjane Satrapi rejoint Paris, diplôme en poche, projets de livres pour enfants en tête. Elle essuiera cent quatre-vingt-six «non» avant de trouver éditeur à ses planches. Entre-temps ses copains de l'Association la pousse à raconter sa vie en BD ce qu'elle fait en noir et blanc et traits d'humour décapants. Depuis la publication de Persépolis (I et II) qui raflent deux années de suite (2001-2002) les prix du meilleur scénario et celui du coup de coeur au Festival d'Angoulême, la jeune Iranienne est très sollicitée. Ses convictions restent pourtant inchangées : «Publier émane d'une envie de communiquer, c'est-à-dire de prendre l'autre en compte et de le faire le mieux possible; il faut donc une croyance solide en ce qu'on va faire.» Ainsi raconter une histoire est une affaire importante. Presque un acte de foi. Elle n'écrit ni à tout vent ni à tout-va : «Il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour trouver une histoire derrière, ni de faire de l'exercice de style. La parole est un acte d'amour.».

Aussi, les histoires pour enfants, elle les aime fortes, à distance des modes. Le récit, comme le dessin qu'elle exécute en aplats, souvent brun kaki adulte et couleurs pétantes enfantines, doivent être directs, s'appuyer sur du sens, éveiller les instincts, provoquer des sensations fortes, le frisson, la peur. «Aucune raison de rester dans la mièvrerie, ni la tiédeur.» Ces mots semblent lui inspirer sinon un dégoût, vu la moue, un certain scepti