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Libération
Critique

Le jeu des sept

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Pour Anne Wiazemsky, les enfants sont de grandes personnes, en plus petit.
publié le 13 juin 2002 à 23h56

Certains titres de livres claquent comme des publicités avenantes, et le, livre avenu, mensongères. Ne comptez pas sur Anne Wiazemsky pour ce genre de vantardise, comptez plutôt sur vos doigts, page 16 : «Vous en faites une tête... Venez que je vous présente aux garçons. Et, en se redressant, elle appela d'une voix claire et autoritaire : Simon ! Guillaume ! Justin ! Thomas ! Nicolas ! Frédéric ! Serge !» Sept garçons, sans compter Dimitri, le frère de Roséliane, qui est une fille et toute l'histoire, la seule fille parmi huit garçons, ils ont entre quatre et douze ans selon qu'on se place au début ou à la fin du livre qui raconte deux étés de vacances.

Nous sommes au début des années soixante, dans un décor de téléfilm à la Nina Companeez, une belle villa avec dépendances dominant la Méditerranée, des bonnes et des voitures, des figuiers et des pins, une tante au piano, une connaissance au chevalet, des cours et des courts de tennis, on est médecin ou conseiller du général de Gaulle, on a plus de problèmes d'alcool que d'argent et des théories sur l'éducation qu'on a le loisir de mettre en pratique. Certains vivent au Venezuela. On écrit des pièces de théâtre à onze ans, on hésite entre l'X et l'ENA pour plus tard. Les échos de la guerre d'Algérie sont lointains. On traverse en courant la route de la plage, l'inconscience du torero à la corne de l'automobile. On est heureux, on est enfant.

Sauf que les livres d'Anne Wiazemsky ne sont pas des téléfilms. Ses enfants sont des pe