Au zoo, le tigre captif déchire un bloc de viande, dort et parfois copule sous les yeux des visiteurs. A la télévision, des jeunes gens enfermés volontaires réchauffent des pizzas, se chamaillent, dorment et parfois copulent sous l'oeil toujours ouvert de la caméra. Peut-on pour autant dire que «ceux qui exposent leurs corps, leurs comportements (...) seraient comme des bêtes en cage» ? A côté de la plaque, répond Olivier Razac (1).
Dans l'Ecran et le zoo, ce jeune philosophe de 29 ans rappelle la liste des griefs : Loft Story et la télé-réalité en général seraient insupportables parce qu'elles évoquent les camps nazis, traitent les hommes comme des animaux et sont un comble d'exhibitionnisme pervers, de vulgarité et de médiocrité. Médiocre ? Ça pourrait se dire d'innombrables films. On y traite les hommes comme des animaux ? Des animaux où ? A la ferme, à l'abattoir ? Aucun de ces critères n'est spécifique, juge Razac. En rester là serait «produire une critique moraliste et rétrograde à la légitimité et à l'efficacité inexistantes».
Soit. Mais comment comprendre alors le mélange de fascination et de malaise que suscitent ces émissions ? Avec beaucoup de brio et pas mal d'ironie, Razac s'y emploie en montrant que «le rapport entre la télé-réalité et le zoo est bien plus essentiel» qu'on pourrait superficiellement le croire : «ces deux entités sont de même nature». Le problème, affirme-t-il, n'est pas qu'on traite les hommes comme des animaux, mais que «les hommes et les animau