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Libération
Critique

Widmark déposé

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Nik Cohn croit ce qu'il écrit. Il se prend pour Richard Widmark, nous aussi.
publié le 20 juin 2002 à 0h01

Publications schrapnel de Nik Cohn, tous azimuts. Soljas relève de la nouvelle vie qu'il s'est créée à La Nouvelle-Orléans. Dans ce portrait éclaté de Treme, cité dans le 6e arrondissement de «Crescent City» (ou Níawlins, comme il écrit), la prose et les observations sont si convaincantes qu'on croit à une fiction pure, alors que tous les labels, vedettes et rappeurs en barboteuse sont réels. On a beau y citer le label, et «Baby», la star du coin, Cohn a beau décrire les filles dansant le bootie rock en hot pants à ras la raie, toute cette scène du bounce (comme on appelle le rap là-bas) nous semble aussi étrangère qu'un bon roman sur la boxe locale dans les années trente.

Mais c'est «Sauf Richard Widmark», nouvelle écrite comme cadeau d'anniversaire pour sa femme Michaela, publiée dans Granta il y a deux ans et traduite dans le numéro de juin de la NRF, qui vous fait véritablement tomber du tabouret. Nick Tosches, qu'il l'admette ou non, n'a jamais rien écrit de mieux que «Esau Smith : the Hairy and the Smooth» (dans Unsung heroes of rock'n'roll), une interrogation sur la célébrité dans laquelle il vous faisait croire, l'espace de neuf pages, que le frère jumeau d'Elvis n'était pas mort mais travaillait comme dealer de blackjack dans un bar sur Olympic Blvd à Los Angeles. Il vous le faisait croire à force de vouloir y croire lui-même. Pareillement, Nik Cohn ici se laisse abuser de tout coeur par Dar, le vendeur de journaux iranien en bas de chez lui, qui lui affirme qu'un de