Il paraît que Cees Nooteboom a été un peu déçu par le cargo qui se profile sur la couverture de son recueil de nouvelles. «Il aurait préféré, disent deux de ses «éditrices», Véronique Rat-Morris et Anne-Lucie Voorhoeve, que ce soit comme le Vila-Matas, le Voyageur le plus lent, une couverture jaune avec juste le paraphe de l'auteur.» Le jaune, c'était l'année de l'Espagne.
Pour la première fois, les couvertures du Passeur sont illustrées : encore une initiative des stagiaires. A comparer avec l'édition néerlandaise de ces «Tropische verhalen», qui arbore un pimpant tableau du Douanier Rousseau, le flanc inquiétant du cargo semble approprié. «Le nain de Huelva», «Le matelot sans lèvres», «Le forçat amoureux» : des ports, des femmes, sombres histoires, tristes tropiques.
Les nouvelles de Nooteboom (écrites pour la plupart à 23 ans en 1957) ont bénéficié de moult relectures, celle de l'auteur, du traducteur, de Philippe Noble, le traducteur habituel, et des stagiaires, ce qui n'a pas été le cas du Bon à rien de Kellendonk, pour qui le temps sans doute a manqué. Nos passeurs de Nantes soulignent parfois le stress de l'aventure. Ainsi Anne-Lucie Voorhoeve se souvient-elle d'«un défi» : elle avait encore les droits à négocier quand le comité de lecture avait déjà sélectionné l'ouvrage. «Il fallait que ça marche, et il y avait un risque. Mais Cees Nooteboom a vu des livres du Passeur qui lui ont plu, il a donné un avis positif. Actes Sud, son éditeur en France, récupérera les droits