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Critique

Chapeau Pétrus!

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Biographie et rééditions de Pétrus Borel, aussi nommé le lycanthrope, parangon du poète maudit du XIXe siècle.
publié le 27 juin 2002 à 0h06

«Si je suis resté obscur et ignoré ; si jamais personne n'a tympanisé pour moi, si je n'ai jamais été appelé aiglon ou cygne ; en revanche, je n'ai jamais été le paillasse d'aucun ; je n'ai jamais tambouriné pour amasser la foule autour d'un maître, nul ne peut me dire son apprenti», écrit Pétrus Borel en préface à ses Rhapsodies. Depuis la fin des années 70, Jean-Luc Steinmetz s'est attaché à l'étude de la France frénétique des Jeunes-France et des Bousingos. Grâce à lui, Pétrus Borel, «auteur provisoire», a bénéficié de rééditions : un recueil de «Contes immoraux», Champavert (1833), et un roman, Madame Putiphar (1839) publiés aux Editions du Chemin vert. Reste que le guignon est parfois plus fort que les convictions, l'éditeur disparaissait peu a près et depuis quinze ans les textes du lycanthrope, comme il se nommait lui-même, n'étaient plus disponibles en librairie. Aussi est-ce avec une constance louable que Jean-Luc Steinmetz poursuit aujourd'hui sa tâche avec un nouveau Champavert aux éditions Phébus, des inédits décoiffants à la Chasse au Snark et une biographie chez Fayard ­ de celles qu'on qualifie de définitives, tant Steinmetz a traqué tous les documents susceptibles d'éclairer cette figure de «poète maudit».

Qu'est-ce qu'un poète maudit ? La question court tout au long du XIXe siècle au moment où se constitue l'image moderne de l'écrivain, comme si l'échec devenait une plus-value devant la littérature industrielle, comme si la fascination de l'époque pour les ma