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Libération
Critique

Le cul dans la tête

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Un ouvrage riche en images et en réflexions sur la place du sexe dans l'art contemporain.
publié le 27 juin 2002 à 0h06

On s'en doutait. Les magasins de bricolage sont hautement érotiques : ils furent ainsi les lieux des premières érections de l'artiste américain Bob Flanagan, dont les performances masochistes sont relatées page 137 dans le livre de Dominique Baqué, Mauvais genre(s). Un ouvrage pédagogique et plaisant, riche en images, qui s'interroge sur les mutations de la représentation du corps dans l'art contemporain, lequel «s'est largement emparé, sinon de la pornographie, du moins de la sexualité».

Tout le monde est convoqué et cité : les figures tutélaires (Bataille et son supplicié chinois, Deleuze et ses rhizomes, Roland Barthes) et les vedettes d'aujourd'hui du discours sur le sexe : Michel Houellebecq, l'emperruqué Guillaume Dustan, Catherine Millet, la réalisatrice Catherine Breillat... Ce qui donne au livre un côté plateau télé chez Ardisson, sauf que les propos sont de haut vol.

Dominique Baqué, universitaire et chroniqueuse dans la revue Art Press, attaque avec Georges Bataille. Elle rappelle que pour l'écrivain, la jouissance est «traversée par la mort». Et note avec déception que cette conception de l'érotisme n'est plus vraiment présente dans l'art contemporain de ces dernières années. L'auteur balaye différents champs : la photographie, la vidéo, les arts plastiques, le cinéma, l'écriture, la mode, et lance des pistes. Parmi les idées développées : après la dé-sublimation de la sexualité (présente chez Nan Goldin et Larry Clark) on assisterait aujourd'hui à «une contaminati