Londres mon amour est le cinquième roman traduit en français d'Hanan El-Cheikh, l'écrivain de langue arabe qui vend le plus en France après Naguib Mahfouz. Pour la première fois, cette Libanaise à la silhouette adolescente qui vit à Londres depuis 18 ans, situe l'action de son livre dans la capitale britannique. Changement de décor, de thème, de ton : aux femmes arabes succède l'exil, et le récit léger contraste avec les textes précédents, plus dramatiques. Pourtant, comme les autres, ce livre reste profondément féminin, pas militant, ancré dans les petites choses de la réalité, proche de l'auteur.
Son premier roman traduit s'inspirait de la vie de sa mère, mariée de force à 14 ans, qui abandonna mari et enfants (Hanan avait 5 ans) pour suivre l'homme qu'elle aimait. Un scandale dans le Liban chiite des années cinquante. «La ruse est la seule façon pour les femmes de s'émanciper», disait la mère, un thème que l'on retrouve souvent chez Hanan El-Cheikh, où les héroïnes n'hésitent pas à simuler la folie.
Hanan El-Cheikh passe ses meilleures années au Caire, étudiante au début des années soixante, prenant pour modèle Simone de Beauvoir, Audrey Hepburn et Juliette Greco. Elle épouse un chrétien grec orthodoxe, ingénieur toujours en voyage, qui, lui, n'est pas un personnage de ses romans. Parfois, elle l'accompagne dans les monarchies du Golfe. De ses sept années vécues en Arabie Saoudite, elle tire son roman le plus fort, Femme de sable femme de myrrhe, elle y décrit l'univers clo