Avec près de soixante-dix communications extraites du colloque tenu à la Sorbonne en 1999, un véritable festin beauvoirien. En entrée, les analyses sur «La philosophie du Deuxième Sexe, Matérialisme, corps et sexualité», en plat de résistance les indispensables «Débats féministes contemporains», déclinés moins à partir de la célèbre formule «On ne naît pas femme, on le devient» qu'autour de l'ironique interrogation «Faut-il le devenir ?». Enfin, les «Réceptions et traductions» de l'essai, best-seller mondial, autant d'échos des spécificités nationales face à ce qu'on nommait alors «la question féminine». Révélatrices sont sur ce point les distorsions ou les trahisons de certaines versions. Le Deuxième Sexe fut souvent traduit par l'Autre Sexe ; ce titre insiste sur la définition sociale du féminin qui traverse le livre et en fait d'emblée «une oeuvre majeure de la radicalité antinaturaliste». Cette véritable rupture épistémologique ouvre la voie à l'élaboration, près de trente ans plus tard, du concept de genre. Stevi Jackson questionne celui-ci à partir du présupposé beauvoirien selon lequel le genre social repose sur le sexe biologique, ultimes traces chez l'auteur d'essentialisme, dont hériterait la seconde vague du féminisme français. Cet article plaide pour un combat contre «l'idée du corps comme donnée biologique», et défend une relation genre/sexe qui fait du genre le créateur du sexe anatomique ; il rendrait pertinent «une différence anatomique en elle-même dépourvue
Critique
Deuxième sexe, demi -siècle
Article réservé aux abonnés
par Yannick Ripa
publié le 4 juillet 2002 à 0h18
Dans la même rubrique