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Libération

Dubillard en forme de poire

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publié le 4 juillet 2002 à 0h18

C'est toujours «le réel» que cherche Roland Dubillard, mais ses chemins paraissent souvent irréels tant ils sont faits de fantaisie et d'incongruité. Dramaturge, poète, nouvelliste, acteur de radio, de théâtre et de cinéma, l'écrivain, né en 1923, apparaît parfois comme une figure marginale de la littérature française contemporaine (il a d'ailleurs intitulé Carnets en marge son journal paru chez Gallimard, voir Libération du 22 octobre 1998), alors qu'il en est un des auteurs les plus importants. Son humour et sa liberté semblent jouer contre sa réputation chez le plus grand nombre, comme s'il était condamné à être un écrivain pour happy few, comme si le sérieux réclamait plus d'ennui. «J'essaie de connaître la science par laquelle l'auteur fait éclore l'atroce de l'ennui, par laquelle il l'intensifie, le densifie, le cerne, le fait éclater», a écrit Eugène Ionesco «pour défendre Dubillard» à propos de la pièce Naïves hirondelles, dans un texte repris dans le gros volume consacré en 1998 par la Revue d'esthétique (éditions Jean-Michel Place) à l'auteur du Jardin de betteraves, de la Maison d'os et d'Olga ma vache. «Je retourne à toute cette colère que je dois traverser pour trouver ma table en état de supporter mon écriture», a écrit Dubillard lui-même dans son rapport si particulier aux objets inanimés.

Irma, la poire, le pneu et autres récits brefs (ils sont très brefs puisqu'il y en a dix-huit en moins de quatre-vingts pages) datent des années 1946-1951. Le premier est une