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Libération
Critique

L'avoir dans la peau

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Une étude de David Le Breton sur les marquages corporels, en voie de disparition dans les sociétés traditionnelles et en pleine percée dans notre contemporain.
publié le 4 juillet 2002 à 0h18

De son invention triomphale par la modernité (non sans macérations et punitions) jusqu'à sa mise en danger voire son abandon par la postmodernité et aux réinvestissements inédits que vient signifier la déferlante actuelle de toute sorte de marquages corporels, cela fait une vie (et une oeuvre) que David Le Breton colle au corps humain. Ces variations sur un thème chéri ne vont pas sans ambivalence, l'anthropologue regrettant parfois ce qu'il découvre ou y adhérant ailleurs avec empathie. Que la passion déborde son objet même, n'est-ce pas finalement le propre de toute véritable quête ? Aussi Signes d'identité s'appuie-t-il sur une recherche de terrain considérable et unique (plus de quatre cents entretiens avec des personnes tatouées, piercées ou scarifiées) et se place vigoureusement au point de rencontre entre anthropologie du contemporain et anthropologie de la jeunesse.

Que les signes tégumentaires remontent à la nuit des temps ne veut pas dire que leur signification ait toujours été partout la même ni qu'il n'y ait pas rupture entre pratiques actuelles et anciennes. Ce sont les techniques qui changent finalement très peu. Le tatouage continue à se faire par injection d'une matière colorée dans le derme ; le piercing consiste en un trou dans la peau pour y poser bijoux, anneaux, petites barres, etc. ; le stretching est l'élargissement du piercing pour y insérer un objet plus volumineux ; le cutting consiste en des cicatrices faites au scalpel et coloriées à l'encre ; le b