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Libération
Critique

Des si belles musiques

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Du futurisme à un groupe allemand qui faisait du sampling sans le savoir, un essai sur les origines de la musique techno.
publié le 11 juillet 2002 à 0h22

L'art du bruit a fait fortune. «La palpitation des soupapes, le va-et-vient des pistons, les cris stridents des scies mécaniques, les bonds sonores des tramways sur les rails...», qui électrisaient le provocateur futuriste Luigi Russolo à l'aube de la Première Guerre mondiale, n'en finissent pas d'inspirer les avant-gardes et de déniaiser la pop. La musique concrète, le rock industriel, le sampling techno, on peut tout lire dans le manifeste visionnaire italien. Départ idéal pour traverser un siècle de musiques électroniques, sous-titre du Techno rebelle d'Ariel Kyrou. Ni une encyclopédie, ni un essai, mais un texte foisonnant (au point qu'on s'y perd un peu parfois), enthousiaste et richement documenté, aux options salutaires. Ancien rédacteur en chef adjoint d'Actuel et chroniqueur à France Culture, Ariel Kyrou choisit le parti des doux rêveurs, des illuminés et des ingénieurs déjantés. «Les avancés visionnaires... sont souvent le fait d'accidents, de rencontres fortuites, d'heureuses méprises et de glorieux malentendus», comme le rappelle Jean-Yves Leloup en introduction. Du Cabaret Voltaire Dada (dont le nom sera repri par l'un des plus étonnants groupes de dance punk) à la laptop musique des ordinateurs portables, Techno rebelle est une galerie de personnages invraisemblables et d'instants décisifs bien qu'anodin en apparence. On y apprend comment les vacances en Espagne d'un trio de disc-jockeys dégourdis va bouleverser l'industrie du disque anglaise, comment le groupe