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Critique

Yama Yami

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La dette, le sacrifice et la mort par le maître des études indiennes, Charles Malamoud.
publié le 11 juillet 2002 à 0h22

Rares sont les véritables maîtres, silencieux, pudiques et effacés, travailleurs de fond de mine, cachant tout le savoir dont ils sont enceints pour mieux le distribuer tous azimuts, «accouchant les esprits de ce qu'ils portent en eux de meilleur» (1). Mais s'il n'en était qu'un, il aurait les traits de Charles Malamoud, directeur d'études honoraire à l'Ecole pratique des hautes études, linguiste de formation, anthropologue, indianiste reconnu dans le monde entier par ses pairs, peu connu du grand public. Pour justifier cette place émérite, il faudrait exhiber toute son oeuvre érudite ­ où rayonne d'un éclat particulier Cuire le monde. Rite et pensée dans l'Inde ancienne (La Découverte, 1989), qui a joué pour l'indianisme le même rôle qu'a eu pour l'hellénisme Mythe et pensée chez les Grecs de Jean-Pierre Vernant ­ et suivre surtout la façon dont elle a essaimé dans les champs de la pensée contemporaine, la philologie, l'histoire, la philosophie, l'ethnologie, la psychanalyse ou les sciences religieuses. Mais, pour en avoir une idée, sans doute suffit-il de céder à l'envoûtement des récits qui composent le Jumeau solaire. La méthode de Charles Malamoud y est parfaitement visible : partir d'un «détail», le nom d'un dieu, une oblation, les gestes d'un cérémonial funéraire ou d'un sacrifice, pour arriver à construire tout un pan de la culture indienne ancienne et, au-delà, une des matrices de la «langue universelle» de la culture.

Parce qu'il a reçu un bien qu'il n'a pas demandé