Ecrivain franco-russe, ancien dissident aujourd'hui extrémiste de droite, Edouard Limonov est emprisonné depuis plus d'un an. Pour beaucoup d'intellectuels russes, cet auteur à scandale, à la tête d'un parti néostalinien ultranationaliste, est victime d'une affaire politique. Pour la justice russe, il est tout simplement un «terroriste» présumé. Le procès de cet écrivain de 59 ans, auteur d'une trentaine d'ouvrages traduits en plusieurs langues, s'est ouvert au début du mois à Saratov (Volga), avant d'être presque aussitôt ajourné jusqu'à septembre, pour des motifs de procédure. Accusé avec cinq membres de son Parti national-bolchevique de «terrorisme, d'organisation de groupe armé et d'appel à l'insurrection», Limonov risque jusqu'à vingt ans de prison.
Un parti, un journal. Il avait été interpellé en avril 2001 en Sibérie, un mois après les arrestations à Saratov de quatre membres de son parti (le Parti national-bolchevik russe, le PNB, initié par Limonov et l'écrivain Alexandre Douguine) en possession de fusils-mitrailleurs, de munitions et de 960 grammes de plastic. Lors d'un interrogatoire mené par le FSB (ex-KGB), ceux-ci ont affirmé avoir acquis les armes sur ordre de Limonov pour défendre les Russes vivant dans la république ex-soviétique du Kazakhstan. Mais ces aveux ont été extorqués, selon l'avocat de Limonov, Sergueï Biliak, qui assure que «toutes les accusations reposent sur les écrits» de son client. L'auteur du Journal d'un raté, qui a obtenu l