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Libération
Critique

Toujours envie

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Premiers textes de Cécile Beauvoir, un recueil au charme charnel, d'une précieuse simplicité.
publié le 22 août 2002 à 0h43

Une envie est une petite tache cutanée, présente à la naissance, et que l'on croyait être la marque d'une envie de la mère, dit le dictionnaire, une tache de vin pensait-on si par pépie la mère avait eu envie de boire, ce sont également ces petites peaux qui se forment sur le pourtour des ongles. L'Envie d'amour de Cécile Beauvoir est une bonne grosse envie d'amour, besoin d'aimer, besoin d'être aimée, de toucher l'autre, d'être touchée, touchante. Mais sa façon de le dire ressortit plutôt de ces petites taches, celles que font les peintres du bout du pinceau, à fleur de peau, celles qui se voient de l'intérieur, avec les yeux de la mémoire, comme l'ombre flottée des nuages à la surface des eaux. Le livre se présente modestement comme un recueil de nouvelles, douze, comme des oeufs, comme des huîtres, mais ce sont des perles, pas en collier, non, sur un écrin de broderie, une à une, discrètes, sous des titres légers, à l'abri de toute brillance artificielle : «Laine et tricot, Le vieux gilet, Livres et mise en plis, La petite boîte de velours rouge, Les cheveux raides.» Le collier reste à faire, le fil qui les relie est invisible, du ressort du lecteur, invisible mais présent, toutes ces nostalgies se rejoindront sur un fermoir espéré, l'antépénultième perle, celle qui porte le titre du livre, Envie d'amour, et toute son espérance avouée.

On y parle de couture, de coiffure, puisque la maman était coiffeuse, d'un vieux gilet donné par un amant en allé, de prénoms, Vincent, Luc