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Libération
Interview

Citer un homme

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Rencontre au sous-sol des Editions du Seuil, du café, pas de fenêtre, du mobilier d'ascenseur, un cendrier trop gros, et, sur la table , un exemplaire de «Tigre en papier» avait été lu, quelques phrases soulignées au crayon, Olivier Rolin les commente .
publié le 29 août 2002 à 0h47

Page 9, le mot «tu» est entouré : J'ai signé un contrat pour ce livre il y a dix ou quinze ans, il devait s'appeler la Chute de Treize, j'avais déjà l'idée de tomber, on tombait de la verrière du Grand Palais pendant l'inauguration du Salon du livre, à la place j'ai écrit l'Invention du monde, j'ai recommencé en 95 ou 96, sous un titre que j'ai gardé presque jusqu'à la fin, l'Ironie du sort, cent pages qui n'allaient pas, après Méroé, je les ai reprises, presque toutes supprimées, et refait cent pages avec ce «tu» que je ne comprenais pas, que j'avais probablement tiré de Zones d'Apollinaire. Et puis non, le «tu», est la vraie personne du monologue intérieur. Le «je» était difficile pour raconter un «nous» : encore aujourd'hui, que je suis devenu un «je», cette sorte d'homme de lettres un peu ridicule, le «je» disparaît dès que je parle de cette époque.

Page 13, «Faire la révolution, ce n'était pas tellement préparer la prise du pouvoir, c'était plutôt apprendre à mourir» : L'idée qu'on pouvait mourir nous était familière, on pensait beaucoup à la mort, nous n'en parlions pas. Nous avions des portraits de Che Guevara.

Page 13, «Noctiluque» : ce sont ces choses qui brillent dans la nuit.

Page 14, «On n'a vraiment envie d'entendre parler des choses que lorsque les voix qui pourraient vous les apprendre se sont tues» : Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vrai, il m'arrive de regarder des photos de famille depuis que mes parents sont morts, j'y vois des gens dont je ne sais rien, q