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Libération

Garréta vice et damnation

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publié le 29 août 2002 à 0h47

On parle beaucoup d'autofiction ces temps-ci et ça ne va encore pas rater cette rentrée. Les écrivains, maintenant, se serviraient de leurs livres pour raconter leur vie. Peu s'en faudrait qu'on ne les accuse de narcissisme, comme si le narcissisme n'était pas de toute manière, quel que soit le sujet du récit, à la base de toute création littéraire. Anne F. Garréta, a priori, ne mange pas de ce pain-là. Linguiste membre de l'Oulipo, âgée de 40 ans, elle a publié en 1986 son premier roman, Sphinx, qui était un tour de force dans la mesure où la narration restait jusqu'au bout dans l'indifférenciation sexuelle. Son précédent roman, la Décomposition (voir Libération du 23 septembre 1999), utilisait A la recherche du temps perdu comme machine de guerre pour en finir avec ses propres personnages. Anne F. Garréta est plus du côté des constructions élaborées, de chacune de ses phrases comme de chacune de ses intrigues, que de celui de la prétendue simplicité biographique. Voici pourtant qu'elle s'y met. Mais à sa manière.

Dans l'«Ante scriptum» de Pas un jour, elle écrit : «Raconter sa vie, on ne fait plus que cela semble-t-il aujourd'hui, et encore, sous l'angle censé depuis plus d'un siècle lui donner sens, en être la clé universelle. Bref, le passe-partout de la subjectivité : le désir.» Suivant des règles d'écriture strictes qu'elle s'impose (tant d'heures de travail par nuit), elle recueille douze textes qui rendent compte d'autant de rencontres féminines. Il y a une ironie dan