En France, aujourd'hui, beaucoup se demandent : quelle est ma place ? La réponse les satisfait rarement ; les écrivains, moins encore que les autres. Ils écrivent souvent là-dessus. Dans la nostalgie, l'agressivité, la paranoïa, la désillusion, la dépression humoristique. Après tout, il est possible que la meilleure place de l'écrivain soit celle du mort. L'écrivain trentenaire Christophe Hostier, antihéros de l'écrivain trentenaire Nicolas Fargues, semble en tout cas le croire. Malheureusement, il est vivant.
Mieux encore, il a une femme, Estelle, qu'il voudrait bien tromper, deux enfants, Ninon et Marco, à qui il fait semblant de penser. Il est passé chez Pivot et son roman précédent, le Coeur à l'ouvrage, a eu du succès. Maintenant, il va voir un vieux pote à Paris, draguer peut-être. Il va surtout commencer une émission de télé, Ça vous regarde excellent portrait du producteur, métastase bedonnante, arrogante et inculte de Mai 68. Il va enfin enchaîner par un petit voyage en Amérique tableau comique et tendre de la découverte, par un petit Français, du pays où tout est plus grand. Tout devrait donc aller bien.
Mais Hostier a les défauts d'un enfant de son siècle. Son couple est un malentendu de moins en moins fertile et assez bien décrit. Son égoïsme avance masqué. Sa modestie est faite de lâcheté. Son naturel cache mal un manque total de naturel. Un enfant-roi envierait son narcissisme ; quand quelqu'un lui parle, il songe : «Tu penses que je t'écoute, là, mais c'est