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Critique

Camarades et Amis

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Polémique en Grande-Bretagne: Martin Amis fait encore des siennes en attaquant les siens, qu'il accuse de complaisance envers le stalinisme.
publié le 12 septembre 2002 à 0h57

Londres de notre correspondant

Martin Amis et Christopher Hitchens sont des amis de trente ans qui poursuivent un débat tout aussi ancien. L'un est écrivain à succès, féroce, provocateur, adulé dans son pays comme une rock star. L'autre est journaliste, essayiste, pamphlétaire, et une figure morale d'une gauche non touchée par le blairisme. Chacun lutte avec ses propres armes. Le premier romance. Le second éditorialise. Leurs partisans s'affrontent par pages d'opinion interposées. Depuis la fin août, la polémique est virulente, passionnée, personnelle et donne lieu à une catharsis collective. Elle porte pourtant sur un sujet que l'on croyait disparu avec le mur de Berlin : le communisme soviétique.

«Guerre civile autour d'un passé révolutionnaire», n'a pas hésité à titrer un journal londonien. Martin Amis a le premier ouvert les hostilités. Dans son dernier livre (1), il dénonce «l'indulgence asymétrique» de la gauche britannique envers les deux grands régimes totalitaires du vingtième siècle. Il part d'un constat : jusqu'aujourd'hui, les crimes du communisme ne suscitent pas le même rejet absolu, la même condamnation, le même devoir de mémoire que ceux du nazisme : «Tout le monde connaît Auschwitz et Belsen. Personne ne connaît (les goulags) Vorkuta et Solovetsky. Tout le monde connaît les noms de Himmler et Eichmann. Personne ne connaît Yezhov et Dzerjinski (les chefs de la Tchéka)». D'où vient, demande-t-il, page après page, cette différence d'attitude envers Staline qu'il