Le 7 octobre 1997, Frédéric Teillard, 41 ans, professeurde français, est invité à dîner chez une amie juge des enfants. Il l'a connue en enquêtant pour le livre Les Céfrans parlent aux Français, coécrit avec un autre enseignant, Boris Séguin ; la vie est une surprise : «Si l'on m'avait dit, quand j'avais vingt ans, que je publierais un jour, en collaboration avec quelqu'un d'autre que le plus grand poète du XXe siècle, un livre qui ne figurerait pas dans le rayon littérature, et tout cela sans recourir à un pseudonyme, je me serais fait trancher la main droite aussitôt.»
Teillard a enseigné dix années en Seine Saint-Denis. Avec Séguin, il a également écrit un polar se déroulant dans le milieu de l'éducation, Feu le principal, et, seul, Un petit manuel de savoir-vivre à l'usage des enseignants. La télé l'a invité. Il écrit dans des revues d'éducation et de psychologie. Il s'intéresse à la langue et à la vie des enfants d'immigrés. Il a toujours deux mains, une femme avec qui il ne couche plus, de pauvres jeux amoureux ailleurs, deux enfants et un vélo pour rouler dans Paris ; leur présence accompagne Je ne sais pas, scrupuleuse investigation familiale et personnelle, inutilement baptisée roman.
Des romans, nouvelles, texticules, Teillard en a bien écrit, il les inventorie dans ce livre où tout est si précis, si frappé de nécessité, mais les éditeurs les ont refusés. Quand on écrit, on commence toujours par se prendre pour un autre et Teillard l'a fait plus que d'autres : «Je me