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Libération
Critique

Le terroriste est bon enfant

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D'une histoire de prise d'otages au Pérou, Ann Patchett a fait une comédie digne de Lubitsch.
publié le 12 septembre 2002 à 0h57

Quand l'histoire commence, on apprend que le président s'est décommandé au dernier moment. Aux invités, on a annoncé un «imprévu de dernière minute. Le président Masuda était-il souffrant ? "La situation en Israël, leur glissait-on en confidence. -En Israël", répétaient-ils à mi-voix, très impressionnés. Jamais ils n'auraient imaginé que le président Masuda était consulté à propos d'Israël».

Une ou deux heures plus tard, sous les lustres du salon et sous la menace des armes des preneurs d'otages, «les femmes qui voulaient croire que tout cela serait bientôt fini (...) s'appliquaient à tirer leurs robes longues sous elles pour ne pas les froisser. Celles qui croyaient qu'elles allaient mourir dans l'instant laissaient la soie tire-bouchonner et se chiffonner».

Bel Canto, son début en tout cas, est inspiré d'un événement qui s'est déroulé à Lima, au Pérou. En décembre 1996, le groupe Tupac Amaru a fait irruption dans la résidence de l'ambassadeur du Japon et a retenu ses invités en otage pendant quatre mois. A partir de ce fait divers tragique (la prise d'otages s'est terminée dans un bain de sang), Ann Patchett a tenté une sorte d'expérimentation optimiste.

Si on enferme à huis clos une quarantaine d'êtres humains d'origines diverses: diplomates européens, politiques et nouveaux riches russes, industriels japonais, terroristes sud-américains (dont 15 adolescents). Qu'on y ajoute la célèbre soprano Roxane Coss, dont la prestation ce soir-là a été offerte en cadeau d'anniversaire