Jean-Philippe Toussaint est né à Bruxelles en 1957, il y vit toujours, au bord d'un lac, entre deux vadrouilles. Depuis la Télévision (Minuit, 1997), il avait publié un petit livre vaguement voyageur, Autoportrait (à l'étranger), réalisé un film, la Patinoire, qu'il accompagna pendant deux ans, mais plus une ligne de fiction de ces romans ironiques et détachés qui avaient fait sa manière : «Je me suis méfié de la fiction, au point de croire que je n'en écrirais jamais plus, je ne voyais plus de point d'adéquation entre le roman et le public, les jeunes surtout, ils préfèrent la musique, le visuel. Le roman m'est soudain apparu comme un truc de vieux. Et puis j'ai vécu quelques mois au Japon, j'y retourne le plus souvent possible : le Japon m'a redonné confiance dans le roman, le public y est vivant, jeune, cultivé. C'est un pays extraordinaire, il me donne une grande joie.»
Jean-Philippe Toussaint a donc situé l'histoire de Faire l'amour au Japon. Il faut dire que son amour du pays semble réciproque, ses livres s'y vendent plus qu'en France, la Salle de bain y a dépassé les 100 000 exemplaires, à la surprise générale, principalement auprès d'un public jeune et féminin : «Au Japon, je suis exotique, mais je suis également assez proche, mes histoires ne sont pas suffisamment incarnées dans un décor, une société qui nécessiteraient une grande culture de l'Occident pour être comprises. Ma langue perd moins à être traduite en japonais que celle d'Echenoz qui est beaucoup plus réfé