Accroupi, Andouille, Braillard, Estroppi, Glinglin, Greluchon, Nitouche, Pansard, Pissouse, Pourqui, Teignasse, Vit: certains on les invoque pour rire, d'autres très sérieusement, tous sont de saints imaginaires, plus ou moins présents en marge des cultes officiels, plutôt à la campagne qu'à la ville. Preuve que l'on peut très bien être «non reconnu à Rome ni au ciel» et jouir d'une ferveur comparable à celle réservée aux saints titulaires et se montrer plus efficaces, sans trop la ramener, plus rusés et, souvent, plus drôles que ses congénères patentés. En effet, pour ce qui est des saints protecteurs, tout se passe comme s'il n'y en avait jamais assez et qu'il fallait donc en inventer de nouveaux en guise d'assurance complémentaire au cas où les bienheureux institutionnels se trouveraient dans l'impossibilité d'exaucer les impétrants parce que trop sollicités, distraits ou carrément incompétents. De ces cultes locaux, diffus parfois dans plusieurs régions, Jacques E. Merceron vient de dresser l'état des lieux dans un extraordinaire et foisonnant Dictionnaire des saints imaginaires et facétieux. Parmi le millier des saints recensés et étudiés, on ne trouvera pas ici les apocryphes, ceux que l'Eglise elle-même a effacés de ses tablettes, alors qu'on y rencontre, mêlés aux saints imaginaires d'origine populaire, une belle ribambelle d'autres protecteurs sortis de la fantaisie des clercs et autres lettrés, plutôt facétieux et explicitement voués aux jeux et rites de bomban
Critique
Des saints animés
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publié le 26 septembre 2002 à 1h08
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