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Interview

Le coeur du sujet

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A quel rythme bat le monde? Rencontre au Danemark avec Jens Christian Grøndahl , l'auteur de «Bruit du coeur».
publié le 26 septembre 2002 à 1h08

Quand j'invente, que je n'ai pas à être honnête, je travaille plus librement. L'honnêteté n'a pas à être directe.» Jens Christian Grøndahl (les Français, prétend-il, ont tendance à mettre le h de son nom entre le d et le a pour le faire frauduleusement rimer avec Stendhal) est né à Copenhague en 1959. Bruits du coeur est son troisième roman très bien traduit en français (après Eté indien au Serpent à plumes et Silence en octobre chez Gallimard, voir Libération du 25 février 1999). «Le titre m'est venu très vite. C'est un seul mot en danois, qui est utilisé par les médecins quand ils écoutent une femme enceinte, toutes les Danoises connaissent ce mot [hjertelyd, ndlr]. Il est concret et abstrait à la fois. J'aime beaucoup le titre français.» Ces trois mots, «bruits du coeur», apparaissent pourtant comme un coup de théâtre quand ils closent le texte. Il y a toujours quelque chose d'apparemment banal et de proprement romanesque dans les aventures des personnages de Jens Christian Grøndahl. La séparation est un détonateur. Il faut retrouver dans la mémoire et dans les mots l'amante ou l'ami partis, alors qu'on n'est même jamais sûr de qui s'est éloigné le premier. Mais n'est-on pas toujours infidèle aux mots, à la mémoire ?

Au contraire de l'historien d'art héros de Silence en octobre, l'écrivain n'a jamais été chauffeur de taxi : «Je ne sais pas conduire.» Il parle français pour avoir habité Paris, souhaitant se trouver «seul dans une ville où personne ne me connaît». Son treizi