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Libération
Critique

Le ver sur le divan

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Le psychanalyste anglais Adam Phillips confronte Darwin et Freud: on est bien peu de chose.
publié le 26 septembre 2002 à 1h08

Londres envoyée spéciale

Enfant, Adam Phillips s'intéressait aux animaux. «Il y avait près de chez moi un bois où j'allais souvent. Si on s'asseyait suffisamment longtemps, on voyait les oiseaux arriver. C'est comme la psychanalyse. On s'assied et on commence à entendre des choses. Mais il faut rester assis assez longtemps. Au début, il n'y a rien. Et au bout d'une heure, le bois est plein de vies.» Aujourd'hui, Adam Phillips est psychanalyste à Londres. C'est aussi un essayiste qui, en dix ans, a écrit dix livres : sur la démocratie, le flirt, l'ennui ou la monogamie (1). Dans le livre publié aujourd'hui en France, il nous montre un Sigmund Freud âgé de 29 ans. Dans une lettre à sa fiancée Martha, il raconte qu'il vient de brûler son journal, ses manuscrits, bref, tout ce qu'il a déclaré «indigne de survivre». «Que mes biographes tempêtent à leur aise ! Ne leur rendons pas la besogne trop facile», jubile-t-il. On découvre aussi un Charles Darwin, âgé de 72 ans qui publie son dernier livre, la Formation de la terre végétale sous l'action des vers, une sorte d'hommage à des créatures qui l'ont toujours fasciné.

Adam Phillips, lui, tire sur ces deux fils ­ les biographes et les vers de terre ­ et entreprend de nous montrer comment Freud et Darwin ont radicalement changé la manière dont nous pouvons comprendre la vie, la mort, notre tardif (en tant qu'espèce) et fugitif (en tant qu'individu) passage sur la Terre. Et, finalement, l'importance relative de l'homme et du vermisseau d