La maison d'Hermès, est, par nature, fermée à double tour et plongée dans l'obscurité. S'y cachent quelques trésors, la pierre philosophale, des textes sacrés, de volumineux traités marqués de hiéroglyphes et de signes cabalistiques. D'aucuns disent en posséder la clé. D'autres, des pseudo-savants et des mages, des illuminés et des sorciers, y pénètrent par effraction et y déposent des gris-gris, des boules de cristal et des fioles emplies de bave de crapaud. Du coup, dans ce qui est tantôt un sanctuaire de la Tradition, tantôt un «musée de l'étrange» exposant ces «merveilles et raretés» (mirabilia) dont on était friand au Moyen Age, tantôt un bazar, plus personne, pas même le Trois-fois-Grand, ne reconnaît les siens. Il est en effet simple, et légitime, de passer de l'hermétisme à l'ésotérisme, à la mystique, à l'alchimie mais la pente est savonneuse et précipite bientôt dans les sciences occultes, le parapsychie, la chiromancie, les philtres envoûtants, les messes noires (ou brunes, si elles sont politiques) et les poudres de perlimpinpin. Aussi, à se trouver fondu dans le grand chaudron de l'«irrationnel», l'hermétisme s'est-il soit volatilisé au siècle des Lumières il fut littéralement effacé de la culture au nom du combat contre l'obscurantisme , soit «durci» en connaissance savante, fermée aux non-initiés.
Françoise Bornardel a consacré la plupart de ses recherches à l'hermétisme. Mais, professeur de philosophie des religions à la Sorbonne, elle ne s'est jamais dép