Je me suis efforcé de ne rien écrire sur l'affaire Houellebecq, ne serait-ce que parce qu'aujourd'hui tout écrivain qui se frotte aux chatouilleux gardiens de l'islam est en quelque sorte condamné à revêtir la cape du «nouveau Rushdie». Une situation doublement désagréable : d'abord, en ce qui me concerne, car je déteste l'idée que mon nom fasse office de slogan, comme si j'étais devenu une sorte d'emblème de la littérature «pamphlétaire» ; deuxièmement, pour les écrivains en question (le «Rushdie bangladais», le «Rushdie chinois»...), fâchés, et on le serait à moins, de voir que l'on superpose le chapitre le plus noir de mon histoire personnelle à leurs propres démêlés.
Quoi qu'il en soit, Houellebecq est aujourd'hui traîné devant les tribunaux français par quatre associations musulmanes (la Société des habous et des lieux saints de l'islam, présidée par le recteur de la mosquée de Paris, l'Association rituelle de la grande mosquée de Lyon, la Fédération nationale des musulmans de France et la Ligue islamique mondiale), pour «injures», «complicité de provocation à la haine raciale» et «incitation à la haine religieuse».
Les poursuites engagées à l'encontre de cet écrivain maintes fois primé, qui a le défaut de ne pas être consensuel, sont trop graves pour que tous les hommes de bonne volonté ne se portent pas à son secours.
C'est du moins ce que l'on pourrait croire. Et de fait, un certain nombre d'intellectuels et d'éditeurs ont pris la défense de Houellebecq. Mais d'autres s