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Libération
Critique

Incroyable mais faux

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Comment les rumeurs viennent au monde et pourquoi on les croit.
publié le 3 octobre 2002 à 1h17

La scène se passe à la télévision, pendant l'Ecole des Fans. A Jacques Martin qui lui demande pourquoi elle mange des sandwiches le mercredi, la petite fille répond : «Parce que le mercredi, maman fait la sieste avec tonton.» «La caméra se dirige alors vers le public et l'on voit la mère, le visage blême, alors qu'une bagarre éclate entre le père et l'oncle.» L'anecdote a largement circulé en France à la fin des année 80 et certains affirment avoir vu l'incident à la télévision. L'histoire est vraisemblable. Il se trouve aussi qu'elle est fausse et qu'elle a circulé aux Etats-Unis (où elle est censée être arrivée dans l'émission Strike it Rich) et en Italie (dans Piccoli Fans). Par ailleurs, elle contient un motif récurrent dans les légendes européennes ­«l'enfant qui révèle involontairement l'adultère de sa mère»­ et attesté dès le Moyen Age dans les fabliaux français, remarquent les sociologues Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard. Il y a aussi la femme qui fait sécher son chat au four à micro-ondes, le Coca-Cola empoisonné de 1999, la mygale dans le yucca, le godemiché électrique qui a tué Claude François, les snuff movies, l'accident du vol 800 de la TWA causé par un missile américain et, bien sûr, l'avion qui ne s'est pas écrasé sur le Pentagone et le visage de Satan dans la fumée au-dessus des Twin towers. En tout, quelque cent trente rumeurs et légendes urbaines dont les deux sociologues nous racontent l'origine ­parfois très ancienne­ et les circuits, qui p