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Libération
Critique

Atout rompre

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Dix leçons pour une anti-agence matrimoniale, l'autodérision du troisième roman d'Ilan Duran Cohen.
publié le 17 octobre 2002 à 1h27

Atteints de la maladie d'Alzheimer, les parents d'Alain Conlang ont tout oublié sauf de s'aimer, dans le naufrage du grand âge, ils se sont raccrochés instinctivement à la vieille bran che de leur couple. A dire vrai, ils se sont toujours aimés, et ça, c'est sûr, cela vous formate une certaine idée de l'amour. Séquelles à vie pour leur fils unique : «A cause d'eux je suis un groupie de l'amour, du romantisme absolu.» Alain a toute sa tête, l'ennui c'est le coeur : il sent son couple comme se fendiller. Couple est un grand mot, quand la personne avec qui l'on est en vomit l'idée. Hervé Fuchs est un type carré, rationnel, un DRH, «mon DRH» comme il l'appelle. Car voilà ce qu'il pense, Fuchs, des histoires à l'eau de rose qui ne sont rien d'autres que des histoires à la noix, surtout quand elles concernent les homos : «Nous ne serons jamais que des folles qui trémoussent leur cul sur des chars à paillettes, avec cette vache de Gloria Gaynor qui hurle pour nous convaincre que nous survivrons. Il faut bannir toute forme de romantisme. C'est un écran de fumée. La fumée, ça sera nous.» OK, optons pour la raison : d'abord se faire virer de «Leasing & Co». Et puis entreprendre (Alain ne doit pas oublier qu'il est fils de commerçants). Le concept : aider amants dépités et fem mes abandonnées à gérer l'échec sentimental («première prise de contact gratuite puis un forfait de cinq cents euros»). Vu le nombre de ruptures et le taux de divorce, l'anti-agence matrimoniale a un bel avenir.

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