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Libération
Critique

Chaque chat chante

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Une étude du miaulement dans la musique ou l'évolution du «miaou» baroque, néoclassique et jazzy.
publié le 17 octobre 2002 à 1h26

Le chat, compagnon discret car muet et silencieux ? Certainement pas : le chat miaule, la chatte également. Telle semble avoir été l'hypothèse fondamentale de tous ces compositeurs européens, du baroque au néo-classicisme, de Marc-Antoine Charpentier à Ravel en passant par Mozart, Stravinski ou Farina. Ceux-là ont mis le miaulement en musique, ils ont fait chanter les chats : «Caou caou, miaou, oua, oua, oua, oua ou/miaou, miaou, miaou,...» (Intermède du Mariage forcé, par Molière et Marc-Antoine Charpentier, pour la version de 1672).

De nombreux ouvrages existent déjà qui traitent de l'iconographie du chat dans la peinture, s'ajoutant à l'innombrable littérature catophile (Colette, Céline, La Fontaine, Baudelaire, E.T.A. Hoffmann, Nerval, Mallarmé pour faire très bref). Mais l'historien d'art et grammairien Jean-Claude Lebensztejn, auteur de l'Art de la tache (paru aux défuntes Editions du Limon) s'est lancé dans l'étude tout à fait spécifique du «miaou», de la musique attribuée aux chats et de l'iconographie, plutôt abondante aux XVIIIe et XIXe siècles, du minet chanteur ou musicien ; voire du «chat fugueur», au sens compositionnel du terme. Soit l'étude de ce que Lebensztejn appelle le «désaccord accordé. Les musi ques de chats mettent en place la contradiction, du moins le paradoxe d'une musique antimusicale». Ni mélodie, ni harmonique, le miaulement induit en effet l'imagination d'un autre espace sonore : confère le fameux duo de deux chats, faussement (d'après Lebenszte