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Libération
Critique

Eléphants pour mémoire

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Inventaire avant extinction de la version asiatique du pachyderme.
publié le 17 octobre 2002 à 1h27

Les communautés venues du sous-continent indien vénè rent Ganesh, le dieu à tête d'éléphant qui est le personnage le plus populaire du panthéon hindou. C'est avec profit, plaisir et un brin de tristesse qu'on lira le Tombeau de l'éléphant d'Asie. Profit, car il s'agit d'une sorte d'encyclopédie de tout ce qu'on a toujours voulu savoir sur le pachyderme, sans avoir jamais su à qui le demander. Plaisir, car les informations, par ordre alphabétique comme dans toute encyclopédie, sont présentées le plus souvent à travers des anecdotes, des contes ou des citations d'auteurs du passé, depuis l'Histoire des animaux d'Aristote aux articles rapportant les travaux les plus récents sur la mémoire des éléphants publiés par Libération en 2000, en passant par les «jatakas» (vies du Bouddha) ou les réflexions de philosophes de Montaigne à Hegel.

Tristesse enfin, et surtout, puisque comme c'est le propre de tout tombeau, fût-il littéraire, l'ouvrage part du constat que l'éléphant ­ du moins celui d'Asie (Elephas Maximus) ­ est condamné à disparaître à brève échéance. Déjà la civilisation qui, cinq mille ans durant, avait été bâtie autour de l'improbable alliance entre l'homme et le plus grand des mammifères terrestres, a pratiquement disparu de la surface du globe. Elle ne subsiste à l'état de vestige que dans les régions les moins accessibles du sous-continent indien, comme les collines de l'Assam.

«En écartant les fables de la crédule antiquité [...], il reste encore assez à l'éléphant, aux