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Libération
Critique

Freud en panne de Coran

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Si l'inventeur de la psychanalyse s'est confronté au judaïsme et au christianisme, il a omis l'Islam. Fehti Benslama ouvre la piste.
publié le 17 octobre 2002 à 1h27

On a dit de la psychanalyse qu'elle était une histoire juive, assez prenante à Vienne, plus amusante, racontée par Woody Allen, à Manhattan. Aux études analytiques, hors celles des pionniers, on a aussi reproché, parfois, de ne tourner qu'autour de quelque récit de cure, ou, pis, de répéter peu ou prou les leçons de maître Freud (ou de maître Lacan). Aussi s'émerveille-t-on quand un psychanalyste parvient à déporter son savoir analytique hors du foyer culturel et anthropologique européen ou de ses aires d'extension américaines, et, usant des outils hérités de la tradition freudienne (ou jungienne, peu importe), parvient à créer du nouveau, à ouvrir des pistes inexplorées, à dire des choses qui n'avaient jamais été dites. Un tel choc intellectuel, on le reçoit de Fethi Benslama, auteur de la Psychanalyse à l'épreuve de l'Islam, qui vient de paraître chez Aubier (et qui, par certains côtés, eût pu s'appeler «l'islam à l'épreuve de la psychanalyse»).

Il y a aujourd'hui, pour des raisons évidentes, pléthore d'ouvrages politiques, historiques ou sociologiques consacrés à l'islam, aux valeurs qui trahiraient ou respecteraient son essence, et plus spécialement à l'exacerbation de la foi religieuse, à la Jihad, à l'extrémisme, à l'intégrisme islamiste. La réflexion de Fethi Benslama est évidemment adossée, elle aussi, à l'«actualité tourmentée» de l'islam, et tente de rendre raison «de la genèse et de la manifestation la plus symptomatique (le mouvement islamiste)» de sa «crise conte