Londres envoyée spéciale
Parmi les quelque 200 notes de bas de page de Comme un sanglier, Lawrence Norfolk aime beaucoup celle sur la natation : «Alexandre le Grand tantôt savait (Diod Sic xiv.17.2) tantôt ne savait pas nager (Plut, Alex 58.4) ; fait typique chez les Grecs». On peut préférer : «Le rôle essentiel des Néréides, dans l'art attique, consistait à courir vers leur père en poussant des cris de douleur pour lui annoncer la nouvelle du rapt de leur soeur Thétis.» Ou encore : «L'été, même la fin de l'été, n'est pas l'automne, et une pomme n'est pas un coing. Il n'en reste pas moins que le terme grec désigne indifféremment la "pomme" et le "coing" (de même que les "moutons" chez Homère ; également les "seins de jeune fille" chez Théocrite)... La grenade complique encore les cho ses.» Au début du roman, les notes sont discrètes ; petit à petit elles envahissent les pages et l'histoire jusqu'à les submerger, avant de refluer pour ne revenir qu'à la fin de la première partie. Elles ont quelque chose d'étrangement inquiétant et Norfolk lui-même dit qu'elles sont comme «la musique dans un film d'horreur». Toutes sont vraies et Norfolk reconnaît avoir pris «un plaisir masochiste» à travailler dix-huit mois sur une partie du livre dont il était «à peu près sûr que personne ne la lirait».
Lawrence Norfolk, 39 ans, est une célébrité en Grande-Bretagne et en Allemagne, le Dictionnaire de Lemprière et le Rhinocéros du pape (des fictions encyclopédico-loufoques), ont été traduits en