En France, le livre de génération perdue est une vieille histoire. C'est Musset qui a commencé. Il publie la Confession d'un enfant du siècle à 26 ans, en 1836. Le monde littéraire ne s'est peut-être pas remis de la première phrase : «Pendant les guerres de l'Empire, tandis que les maris et les frères étaient en Allemagne, les mères avaient mis au monde une génération ardente, pâle, nerveuse.» L'histoire napoléonienne est finie. La bourgeoisie s'installe. Les enfants des héros étouffent. Le spleen romantique est né.
En 1932, c'est au tour de Paul Nizan. Aden Arabie porte le drapeau de la génération qui eut vingt ans après 1918: «Les gens de mon âge, empêchés de reprendre haleine, oppressés comme des victimes à qui on maintient la tête sous l'eau, se demandaient s'il restait de l'air quelque part.» Lui aussi a 26 ans.
Camille de Toledo a également 26 ans. Il a visiblement lu ses aînés en révolte pulmonaire et publie aujourd'hui Archimondain, Jolipunk. Sous-titre : «Confession d'un jeune homme à contre-temps.» Première phrase : «Je suis un asthmatique de l'âme. Je veux dire par là que l'époque me pèse un problème respiratoire.» Rien de neuf, donc. L'asthme est de nouveau dans l'air : des villes polluées, du temps. Chez Actes Sud, Egon Keret publie Crise d'asthme, une série de nouvelles noires se déroulant en Israël, un pays où l'on respire assez mal. Chez POL, Frédéric Valabrègue étudie son asthme, qu'il appelle Asthme, comme si c'était un personnage, et ce qu'en font les écriva