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Libération
Critique

Hergé, ad hoc

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Benoît Peeters brosse le portrait d’un auteur qui se nourrit autant de son oeuvre qu’elle se nourrit de lui.
publié le 24 octobre 2002 à 1h31

Auteur du monumental Monde d’Hergé chez Casterman, lecteur des Bijoux de la Castafiore, Benoît Peeters, écrivain et scénariste des Cités obscures, méditait depuis longtemps sa vie d’Hergé. Le biographe a mesuré le risque qu’il y avait à écrire après Assouline, Apostolidès, Tisseron, Serres.. C’est Hergé lui-même qui lui en a fourni l’idée lorsqu’il lui déclarait quelque temps avant de mourir : «Si je vous disais que dans Tintin, j’ai mis toute ma vie.» Benoît Peeters l’a pris au mot et ce Hergé, fils de Tintin tient le difficile pari de suivre toutes les dimensions du personnage, sans oublier la part d’ombre qui a valu à Hergé de faire partie, à la Libération, d’une sinistre «galerie des traîtres». Nourri par une documentation énorme (témoignages, correspondances inédites, carnets de scénarios et récits de rêves), cet Hergé est aux antipodes de l’«hergérudition» puérile. Peeters y défait l’image officielle que ce créateur a su distiller et, loin d’une biographie «ligne claire», peint l’artiste comme fils inattendu de son oeuvre.

Si, pour le dessinateur, la difficulté était de traduire le mouvement, pour Peeters il en va de même. Il reconstitue un parcours qui amène Georges Remi à créer Tintin reporter. Un héros paradoxal né «sans nom et sans famille, comme un enfant trouvé» auquel il n'avait pas plus prêté attention qu'à ses autres dessins. Pourtant, quelque chose est déjà là, comme un blanc, un secret, un roman familial, celui d'une famille au grand-père caché et dont le pèr