Vaste fourre-tout ou puzzle ? Habitus, le premier roman du Britannique James Flint, se présente comme un livre démesuré. Labyrinthique, il mêle à la fois le voyage dans l'espace, les mathématiques, la génétique, l'informatique et l'Holocauste. Il passe d'un lieu à un autre : Los Angeles, Cambridge, Stratford, la frontière franco-suisse, Dachau. Erudit, il fait des incursions dans une profusion de sujets disparates. Des passages doctes forcent parfois la concentration plus que ne le réclame habituellement une intrigue. Entretemps, se joue un saute-mouton avec les personnages, qui vont, qui viennent. Indépendants les uns des autres, et pourtant très subtilement liés.
Trois fils d'Ariane se suivent, à intervalles irréguliers, trois personnages peu banals. Joel Kluge, un juif hassidique de Brooklyn, est la figure du mathématicien prodige, dégrossi à Cambridge, entièrement investi dans un Golem numérique. Judd Axelrod, Noir fils d'une actrice anglaise et d'un riche vendeur d'ordinateurs retors, littéralement possédé par un psychanalyste, va se brûler au jeu. Jennifer Several, fruit du viol de sa mère internée, engendre une fille mutante, née des deux susdits. Sur ces trois J. (Joel, Judd, Jennifer), tourne en rond la pathétique chienne Laïka, premier être vivant envoyé dans l'espace par les Soviétiques en 1957. Elle survit avec humour chez Flint, se nourrissant de technologie pour ne plus faire qu'un avec le satellite.
Tout est finalement cohérent, comme une panoplie. Comme les obj