Accusé par la droite d'avoir ordonné de tirer sur les émeutiers le 6 février 1934, tenu par Vichy pour responsable de l'impréparation de l'aviation française en 1940, soupçonné plus récemment d'avoir été un agent soviétique, Pierre Cot a essuyé, sa vie durant comme depuis sa mort, le feu roulant de critiques toujours polémiques, souvent venimeuses, parfois proches de la calomnie. Le temps de la sérénité est-il enfin venu ? On se prend à l'espérer en lisant la biographie documentée que l'historienne Sabine Jansen consacre à ce radical pour le moins singulier.
L'homme ménage bien des surprises à commencer par un engagement catholique que le futur député communiste a soigneusement tu. C'est pourtant en catholique, proche de Raymond Poincaré, qu'il entame, aux lendemains de la Grande Guerre, une carrière politique placée sous les auspices du très réactionnaire Bloc national. Battu en 1924, il ne tarde pas à évoluer, se rapprochant du radicalisme dont il embrasse avec fougue les principes. Désormais attaché à la laïcité, défendant la sécurité collective et la Société des nations, il campe résolument à gauche du parti, prônant notamment l'alliance avec les socialistes. Constamment réélu dans son fief de Savoie, l'étoile montante du Parti radical-socialiste place l'entre-deux-guerres sous le signe de trois combats. Il défend des thèses pacifistes qui l'amènent à se situer dans la mouvance du «pèlerin de la paix», Aristide Briand. Il se spécialise dans les questions aéronautiqu