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Libération
Critique

Miel de bourdon

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Libraire-éditeur, traducteur, voyageur, romancier, François Maspero écrit les mémoires d'un enfant de la guerre.
publié le 31 octobre 2002 à 1h36

Un texte de Jean Paulhan, daté de février 1944, ouvre l'autobiographie de François Maspero. Il en est la clé. Paulhan écrit : «Et je sais qu'il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre : "C'est qu'ils étaient du côté de la vie. C'est qu'ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu'une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu'à ce qu'elle étouffe. Elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué. C'est peu de chose, dis-tu. Oui, c'est peu de chose. mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles."»

Le père et le frère de François Maspero les abeilles du titre les Abeilles & la guêpe. Le premier, sinologue, professeur au Collège de France comme son père avant lui, est mort à Buchenwald en mars 1945. C'était un résistant, mais ce n'est pas pour ça qu'il a été déporté, en même temps que sa femme, le 15 août 1944. La mère de François Maspero est revenue de Ravensbrück. Le couple a été déporté à cause des activités de leur fils aîné, Jean, responsable FTP des classes préparatoires de la rive gauche à Paris, dont il était un élève remarquable.

Jean, incorporé dans un régiment américain, est mort le 7 septembre 1944 à 19 ans. En juin, il a abattu un officier allemand, secondé d'un lycéen plus jeune, qui n'avait pas l'habitude, q