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Critique

Ne pleure pas jeannette

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Elles défendaient un idéal à la française qui préparait les jeunes filles à devenir des mères dignes et autonomes. Une radioscopie du guidisme au féminin.
publié le 31 octobre 2002 à 1h36

Elles partirent une poignée de Londres en 1909 et se virent dix millions en arrivant au rassemblement de Dublin en 1999 ! Elles, ce sont les Guides, «la plus importante et la plus internationale des organisations féminines», née du refus de voir les garçons porter seuls les idéaux du scoutisme promus par Baden Powell. Marie-Thérèse Cheroutre, commissaire générale des Guides de France de 1953 à 1979, décrit, avec force archives, l'épopée de la branche française. Les statuts fondateurs de 1923 définissent le guidisme comme une méthode intégrale d'éducation inscrite dans une démarche chrétienne ; en accord avec la volonté parentale d'encadrement et d'éducation de l'occupation de loisir, il veut «faire de [ses] guides des filles suivant la tradition française, des soeurs, des épouses, des mères dignes de ce nom dont le premier devoir commence à la maison».

Le mouvement restera fidèle à sa fonction pédagogique, mais il sera attentif à la transformation des mentalités, tant en matière d'appréhension de la foi et de la pratique religieuse que des moeurs qui modifient la «condition féminine» et les rapports de sexes. Aussi le guidisme n'est-il pas statique, il entretient des relations mouvantes avec l'Eglise, la politique, le féminisme et la société. La volonté de perfectionner la dimension éducative, celle d'accueillir les membres d'autres communautés religieuses et des non-croyants, celle de toucher les milieux défavorisés dans un cousinage évident avec le catholicisme social, comp