Ce n'est pas tout à fait un musée. Ni une simple exposition. C'est une sorte de mausolée moderne. Günter Grass ne pouvait pas rêver plus beau cadeau pour son soixante-quinzième anniversaire : une maison à son nom. Et qui plus est à Lübeck (nord de l'Allemagne), la cité de Thomas et Heinrich Mann. Etre doté d'une maison-musée de son vivant, c'est assez inédit pour un écrivain. Mais, avec Günter Grass, il ne fallait pas s'attendre à moins. Prix Nobel de littérature 1999, l'auteur qui a assis sa renommée avec la publication du Tambour en 1961, est révéré comme un Dieu. Qui d'autre que lui peut se vanter d'afficher complet à la moindre de ses apparitions ? Le 29 octobre dernier, sept cents personnes étaient à l'académie des Beaux-Arts de Berlin pour l'entendre lire des extraits de son dernier roman, Im Krebsgang,( En crabe), qui vient d'être traduit en français. Après avoir avalé une gorgée de vin rouge, Günter Grass a lu pendant deux heures, debout derrière un pupitre, le chapitre un et le chapitre six de son roman . Il a salué son public et s'est retiré. Pas un mot d'introduction, pas même une petite blague. Le public était aux anges...
A peine ouverte depuis quinze jours, la Günter-Grass Haus suscite le même enthousiasme. Et la surprise. Sculptures, gravures, dessins, aquarelles, la collection met l'accent sur tout un pan méconnu de l'oeuvre de Günter Grass. Né le 16 octobre 1927 à Dantzig (aujourd'hui Gdansk en Pologne), Grass a d'abord étudié les Beaux-Arts à Düsseldorf avan