Au même titre que la monarchie constitutionnelle en Grande-Bretagne, la République semble en France la forme naturelle de la démocratie. Sa solidité semble à toute épreuve et les récents succès électoraux de Le Pen traduisent moins l'aspiration à un régime différent que la déception de certains devant une République qui, croient-ils, les ignore. Comme le font observer les deux responsables de cet ambitieux dictionnaire, Vincent Duclert et Christophe Prochasson, s'il a existé de forts courants antisocialistes, antifascistes ou anticommunistes, les opinions antirépublicaines n'ont jamais compté d'un poids très lourd, au moins depuis l'avènement de la IIIe République. Bien au contraire, la République se caractérise par sa formidable capacité à susciter des ralliements, que ce soit les catholiques à la fin du XIXe siècle, les communistes en 1934 quand Thorez décide de soutenir le Front populaire ou, plus récemment, les soixante-huitards et les trotskistes qui ont renoncé à l'idéal révolutionnaire pour jouer le jeu des élections. Ces indiscutables succès dissimulent pourtant une histoire difficile. Si la République a pour elle l'ancienneté puisqu'elle remonte à 1792, les intermèdes autoritaires furent nombreux, à la différence par exemple de ces deux modèles démocratiques que sont l'Angleterre et les Etats-Unis. De plus, si l'événement fondateur qu'est la Révolution française a une forte charge symbolique, ce qui a beaucoup fait pour l'image planétaire de la France républicaine,
Critique
Place de la République
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publié le 14 novembre 2002 à 1h46
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