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Libération
Interview

My madeleine is rich

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Les Anglais se sont offert une nouvelle traduction, à plusieurs voix , d'«A la recherche du temps perdu».
publié le 21 novembre 2002 à 1h51

Londres de notre correspondant

Comment rendre en anglais «longtemps», le premier mot de Du côté de chez Swann ou encore ce «on» omniprésent ? Pour la quatrième fois, A la recherche du temps perdu vient d'être traduit dans la langue de Shakespeare. Un chantier immense qui aura duré cinq ans et mobilisé huit personnes. Un Proust à plusieurs voix. Le chef du projet, Christopher Prendergast, s'explique.

Pourquoi cette nouvelle traduction, dix ans après celle de Kilmartin et Enright ?

La maison d'édition Penguin voulait son propre Proust et m'a contacté. J'ai dit pourquoi pas. La traduction littéraire, surtout des grandes oeuvres du passé, ne répond pas à un besoin et ne relève pas davantage d'une activité concurrentielle. Henry James a dit par rapport au roman que «la maison de la fiction» est une maison avec beaucoup de «fenêtres». Pourquoi ne pas appliquer ce raisonnement à la traduction ? Enfin, le travail de Kilmartin et de Enright se présentait comme une «révision» de la première traduction de Scott Moncrieff. Avec Penguin, il ne s'agit pas d'une «révision», mais d'une nouvelle traduction partant de zéro.

Pourquoi ce choix d'un traducteur différent par volume ?

L'époque héroïque de la traduction par une seule personne est vraisemblablement révolue. Par exemple, le traducteur américain, Richard Howard, avait entamé une nouvelle traduction il y a plus de dix ans, mais il a laissé tomber devant l'ampleur de la tâche. La traductrice danoise vient de sortir le premier volume après pl