Roquebrune envoyée spéciale
«J'ai la monnaie, mais je veux du contact humain.» Elle s'adresse au jeune homme du péage de l'autoroute. Plus précisément à son crâne rasé et patibulaire, puisque ses yeux sont scotchés sur une Game Boy. La tête se relève, la regarde d'un oeil vide. «Du quoi ?» Il percute. La regarde, incrédule. Et rigole. «Je m'obstine à rechercher le contact humain», soupire-t-elle en redémarrant. Susie Morgenstern aime donc le contact humain, «refuse de croire que le mal existe», elle est optimiste et pleine d'énergie. Exactement ce qu'on s'attendrait à trouver chez un auteur de livres pour enfants. Et, quand on est écrivain pour la jeunesse, mieux vaut finalement être comme elle plutôt que timide, ronchon et morose. Parce qu'une partie du métier deux ou trois fois par mois pour Susie Morgenstern c'est d'aller dans les écoles à la rencontre des jeunes lecteurs.
Susie Morgenstern, 57 ans, Américaine de naissance, professeur d'anglais à l'université de Nice, mère et grand-mère, est, avec 50 romans publiés en trente ans, un des plus prolifiques écrivains français pour la jeunesse. A son arrivée en France, elle ne connaissait que trois expressions en français, dont «Allez-vous en» (elle croyait que ça voulait dire au revoir), et à peine cent mots quand elle a écrit son premier livre.
Elle croit à l'amour et à l'amour des livres. «Quand on écrit pour les enfants, on est un peu militant. Un homme qui n'aime pas lire n'est pas tout à fait un homme. Je ne pourrais pa