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Libération
Critique

Tendre est l'Inuit

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Le nouveau garçon venu du froid imaginé par le Danois Jorn Riel.
publié le 28 novembre 2002 à 1h55

Aux alentours de l'an mil, le jeune Leiv débarque au Groenland pour venger la mort de son père et découvre ceux que ses compatriotes norrois (islandais) appellent avec mépris les skraellings (les faiblards), mais qui se nomment eux-mêmes les Inuits, ce qui en inuit signifie «Etres humains».

Un pays étrange, où la nature semble totalement hostile, mais dont les habitants sont heureux parce qu'ils ont tout ce dont un Etre humain a besoin, de «jolies petites fourrures en peau d'oiseau que nous cousons... des lièvres pour nous faire des chaussettes et des petites culottes, des peaux de renard qui sont chaudes et protègent contre le vent». Une culture où, les jours de fête, on se régale de «guillemots bouillis, de mergules confits, de myrtilles marinées dans l'huile de poisson et du contenu d'un estomac de renne».

Les Inuits dorment nus sous leurs couettes en peau d'ours, s'abritent sous leurs traîneaux pendant les tempêtes de neige et tranchent au couteau leurs orteils gelés pour éviter la gangrène. Mais, ce que Leiv en vient à admirer, plus que le courage et l'ingéniosité de ses nouveaux amis, c'est leur détachement vis-à-vis des biens matériels (quand un Norrois offre un cadeau à la jeune Narua, elle choisit une aiguille en acier, une seule. Elle n'en avait «besoin que d'une parce qu'elle ne pouvait pas utiliser plusieurs aiguilles à la fois»), leur sens de la liberté, lui dont le père possédait des esclaves. Et, finalement, plus que tout, leur capacité à être heureux dans un en