A la gloire de l'art italien et, plus particulièrement, toscan et, encore plus particulièrement, michelangelesque, Giorgio Vasari a écrit les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes dont la renommée n'a jamais faibli. Le peintre flamand Karel Van Mander, rencontra Vasari qui, on l'oublie souvent, était peintre lui aussi, alors qu'il s'activait, en 1573, à la décoration de la coupole de Santa Maria del Fiore, à Florence. Leurs travaux picturaux n'ont pas laissé un souvenir impérissable. Comme son homologue toscan, Karel Van Mander passera à la postérité en tant que mémorialiste. Mais lui s'occupera des peintres d'Allemagne et des Pays-Bas. Son entreprise est donc calquée sur celle de son devancier italien sans que, pour autant, on puisse lui reprocher de s'être contenté d'avoir utilisé une bonne recette. Certes Van Mander avoue son ambition de devenir le Vasari du Nord et c'est la raison pour laquelle il recourt aux mêmes procédés et suit un plan identique, notamment en faisant suivre les chroniques des peintres morts par les Vies des fameux peintres encore vivants.
Le premier d'entre eux, «le plus âgé des célèbres peintres que je sais encore en vie et qui, comme tant d'autres, s'appliqua dans sa jeunesse au dessin», n'est autre que Jean De Vries, né en Frise en 1527. A son propos, l'auteur ne se prive pas de digresser d'abondance. Il évoque Corrège, Zeuxis, Théophraste et son Traité du bonheur, les chaussures d'or de Parrhasius, les dangers de la présompt