Le père de Patrizia Ciambelli avait une bijouterie dans le quartier Santa Lucia, à Naples. On y trouvait des joyaux, des pierres précieuses, et surtout des objets d'écaille et de corail, des camées, «la bijouterie traditionnelle de la région» pour laquelle, se souvient Patrizia Ciambelli, «il recevait des commandes d'acteurs de cinéma ou de la reine d'Angleterre, ça nous faisait rêver.» La bijouterie était un lieu interdit aux femmes. Les rares fois où elle était autorisée à y pénétrer, la jeune Patrizia voyait son père étaler les rouleaux de velours qui «laissaient cascader pierres précieuses, perles, brillants, grains de corail» qu'il alignait sur une table pour composer des «bijoux éphémères». La petite fille était «fascinée par ce qui se passait quand un client entrait. Comment mon père trouvait l'objet qui correspondait à un désir parfois même pas exprimé». Devenue ethnologue, spécialiste des rites et de la parure, Patrizia Ciambelli s'est à son tour intéressée aux bijoux. Son livre, Bijoux à secrets, est le résultat d'une enquête menée en Italie, en Espagne et dans la région de Toulouse, où elle s'est interrogée sur l'attachement «déraisonnable» des femmes pour leurs bagues et leurs colliers et a voulu comprendre comment, dans l'Europe méditerranéenne contemporaine, la possession et le port des bijoux sont associés à la construction de la féminité.
Dans notre société, les bijoux sont très associés aux femmes.
Ça n'a pas toujours été le cas. Il suffit de regarder les port