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Libération
Critique

Le feuilleton de Théophile

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La postérité de Théophile Gautier, c'était carrément «le Roman de la momie». Deux volumes de «la Pléiade» invitent au dépoussiérage.
publié le 2 janvier 2003 à 21h36

«Nos poésies, nos livres, nos articles, nos voyages seront oubliés ; mais l'on se souviendra de notre gilet rouge», disait Théophile Gautier (1811-1872). Celui qui fut l'un des grands observateurs de la «boutique littéraire» de son siècle n'avait pas tort, le légendaire de la littérature s'accompagne souvent d'un déni de lecture. Plus d'un siècle après sa mort, Gautier n'a pas encore d'édition scientifique de ses oeuvres complètes. Aussi les deux volumes de Romans, contes et Nouvelles qui paraissent dans «la Pléiade» font-ils date et laissent espérer que suivra le reste de l'oeuvre. Publié sous la direction de Pierre Laubriet entouré de spécialistes comme Claudine Lacoste-Veyssere et Jean-Claude Fizaine, cet ensemble prend place à côté de la précieuse Correspondance (Droz). Il ne s'agit pas tant de redécouvrir Gautier que de pouvoir simplement le lire à sa juste place, et sûrement pas dans une version scolaire pour second cycle des collèges. Il aura été puérilement écrasé par les éternels mêmes titres, le Roman de la momie, le Capitaine Fracasse.

Gautier est le «poète impeccable» qui a considérablement inspiré Baudelaire et le Parnasse. Un étonnant prosateur construisant une galaxie romanesque voisine de celle de son ami Gérard de Nerval. Un prolifique journaliste ­ sans doute le meilleur de son temps, donnant dans tous les registres de la critique (théâtrale, artistique, littéraire) et inventant sans cesse la profession. Un grand voyageur : Espagne, Italie, Orient, Russie. A