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Libération
Interview

La vodka des causes perdues

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Entretien à Moscou avec l'auteur d' «Undergound».
publié le 9 janvier 2003 à 21h43

Vladimir Makanine reçoit au centre de Moscou dans un appartement on ne peut plus russe : murs, tapis, vaisselle et chaussons fatigués, odeur de chou dans l'escalier aux marches écornées, boîtes aux lettres cabossées, porte d'entrée de l'immeuble (au numéro incertain) équipée d'un code aux touches métalliques rongées par le gel et la sueur. Une ambiance qui n'est pas sans rappeler celle de la cité d'Underground ou Un héros de notre temps, son dernier livre traduit (excellemment), son meilleur. Mais Makanine n'habite pas là. Il vient de racheter ce deux pièces moscovite pour y installer un bureau et un ordinateur mis en réseau avec celui qui trône chez lui, à une cinquantaine de kilomètres de Moscou, où il vit désormais à demeure dans sa datcha rehaussée d'un étage, équipée du gaz, pourvue d'un garage. A quatre kilomètres de là, des nouveaux russes ont fait bâtir des palais «qui rappellent les châteaux écossais, fantômes compris, car ces gens-là peuvent tout acheter, même les fantômes».

Après un premier texte publié sous Khrouchtchev, Makanine, comme la plupart des bons écrivains de sa génération (dite des «quarante ans»), qui ne se coulaient pas dans le moule soviétique, est resté, sous Brejnev, quinze ans sans pouvoir publier, sans pour autant être un dissident militant. Ce n'est qu'en 1980 qu'on a pu lire un texte de Makanine à l'étranger, en traduction allemande (RFA et non RDA). Aujourd'hui, en Russie, c'est quasiment un «classique vivant», abondamment traduit et qui vit b