Enfant élevé dans une famille juive pratiquante, Olivier Assouly se demandait pourquoi il ne devait manger ni porc ni lotte. Adulte, il a, comme tous ses contemporains, traversé les grandes crises politico-alimentaires (vache folle, fièvre aphteuse...) et en est sorti avec l'idée que, «alors que la mortalité liée à l'alimentation n'a jamais été aussi basse, on aurait dû voir décroître les peurs alimentaires. Ce n'est pas le cas». Il s'est mis à voir «l'aliment comme un objet de croyance», objet sur lequel il se penche avec curiosité et pertinence dans les Nourritures divines.
Dans cet essai sur les interdits alimentaires, Olivier Assouly, philosophe de formation et membre du Fric (Forum de recherche sur les imaginaires de la consommation) de l'Institut français de la mode observe que «manger ne va pas de soi. Tout ce qui est comestible n'est pas bon à manger». Il nous montre comment l'identité des religions se construit autour de préceptes alimentaires, dans un mélange de rupture et de continuité avec les cultes qui les ont précédées. Il nous raconte comment le «tout est pur» affirmé par le christianisme contre le très rigide partage entre pur et impur du judaïsme, n'empêchera pas les chrétiens de continuer à saigner les animaux ou à s'abstenir de porc, parfois jusqu'au Xe siècle. A tel point que plusieurs conciles devront insister sur la nécessité de manger du porc. Il nous apprend aussi qu'aux premiers temps de l'hindouisme, les brahmanes avaient le privilège de consommer l