Menu
Libération
Critique

« Merci bio »

Article réservé aux abonnés
Une satire au bazooka sur les ONG, qui tombe comme d'habitude au mauvais moment.
publié le 16 janvier 2003 à 21h50

Iegor Gran manque peut-être de chance. Son roman O.N.G !, farce noire prenant pour cible l'écologie et l'humanitaire, paraît tandis que les galettes du pétrolier Prestige abordent les côtes de France. Au moment, donc, où l'Espagne et la France ont besoin de tout ce qu'il semble dénoncer : de braves bénévoles et une solide conscience écologique. L'actualité goudronnera-t-elle ce petit livre ? Ce serait dommage. D'abord, parce qu'il est souvent drôle. Ensuite, parce qu'O.N.G ! est un bon symptôme de ces mornes temps, où un désenchantement compréhensible face aux postures humanistes menace de se changer en cynisme inerte. Il y a autant de raisons de le détester que de l'aimer : comme dit le cliché, il jette le bébé au grand coeur avec l'eau du bain. Il est vrai, diront les uns, que cette eau est sale ; que la profession d'homme de bien ne masque plus l'égoïsme qu'elle était censé dépasser, et qu'elle a si souvent déguisé et renforcé ; Voltaire aurait chargé. Mais, répondront les autres, ce n'est pas parce qu'un certain nombre d'humanitaires et d'écolos sont des névrosés narcissiques que leur cause doit être forcément et aussi vulgairement polluée. Affaire de sensibilité.

Ce roman méchamment burlesque et potache raconte la guerre d'une mesquine absurdité opposant deux ONG qui cohabitent dans le même immeuble. L'une, La Foulée verte, défend les animaux marins en voie de disparition et fait la chasse aux pollueurs ; l'autre, Enfance et vaccin, s'occupe des enfants misérables du tie